Koichi
Kurita

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Japon

KÔICHI KURITA, PAR CONNAISSANCE DES ARTS

Invité en résidence à Chambord, l’artiste japonais Kôichi Kurita a descendu la Loire de sa source jusqu’à la mer, prélevant des échantillons de terre qu’il organise en installation.

« Je n’ai pas fait d’école d’art, ni étudié l’histoire de l’art. Jeune, j’ai commencé par voyager en Asie, en Afrique, durant cinq ans au total, au fil de séjours plus ou moins longs. Puis je suis rentré chez moi, au Japon. Et j’ai regardé ce qu’il y avait sous mes pieds. Juste sous mes pieds. Et j’ai vu de la terre. Et cela m’a semblé très beau. » C’est ainsi que Kôichi Kurita évoque l’origine de son travail. Aujourd’hui âgé de 55 ans, ce petit homme au rire facile poursuit son incroyable projet : constituer une bibliothèque de terres.

Au fil de ses déplacements, il a déjà réuni plus de 35 000 échantillons au Japon et 5000 en France. Au volant de sa voiture, Kôichi Kurita avale les kilomètres et s’arrête pour effectuer les précieux prélèvements. Pas de critère particulier à l’élection d’une terre plus qu’une autre. Toutes lui semblent belles, seules les conditions pratiques décident. De retour, il faut sécher chaque poignée de terre pour découvrir sa vraie couleur et la débarrasser à la pincette de toutes ses impuretés (cailloux, feuilles, racines). Les plus pulvérulentes sont mises en bouteilles. Les autres seront disposées sur une feuille de papier à même le sol. Les installations qui en découlent forcent ainsi au respect. Ne pas se déplacer trop vite pour éviter de bousculer ces petits tas de terre, goûter en silence à toutes les variétés de tons, du brun à l’ocre, en passant par le beige clair des terres sablonneuses.

À propos d’un message, écologique ou autre, attaché à son travail, Kôichi Kurita laisse à d’autres toute libre interprétation. Sa seule revendication : « La saleté, voilà l’idée associée à la terre. Par mon travail, je change cette représentation. Là réside la force de l’art, transformer la chose la plus humble en en révélant la beauté ».

Terres du Centre, Centre de la terre, 2009, installation avec échantillons de terre. © Kôichi Kurita

À voir : « Terre-Loire », Château de Chambord, 41250 Chambord, 02 54 50 40 00, www.chambord.org du 16 octobre au 12 février.
Par Véronique Bouruet-Aubertot – Connaissance des Arts
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