Dans le cadre de l’exposition Résidences 365 du 21 septembre au 19 octobre, Raphaël Dallaporta et Morgane Porcheron, respectivement lauréat et finaliste de la bourse [N.A!]-365, exposeront les œuvres créées durant leur résidence.
Raphaël Dallaporta écrit avec la lumière à Saint-Denis
Lauréat cette année de la bourse du [N.A!] Project et du Prix Niépce Gens d’images, premier prix de photographie professionnelle français, Raphaël Dallaporta s’est installé à l’Espace 365 pour un projet qui, entre photographie et astronomie, remet la nature au centre de nos vies. Il a ainsi imaginé sur site un travail autour des courbes du temps. Pour écrire avec la lumière, le photographe troque cette fois son objectif pour un instrument ancestral : le cadran solaire.
Une méridienne matérialisée par une installation au sol, séparatrice de l’année en deux, marquera le midi solaire. En guise de gnomon, bâton planté dans la terre qui dessine de son ombre la position du soleil et indique heure et saisons, une chaise de 5 mètres de haut au sommet de laquelle ceux d’entre les visiteurs qui oseront le faire pourront s’installer quelques instants. Chaque passage laissera une trace puisque l’ombre portée par la personne assise sera reportée au sol et marquée par un repère qui restera sur place. L’ensemble des repères formera ainsi une constellation des personnes qui auront marqué le temps. La présence d’horloges naturelles au cœur de la Ferme Urbaine active l’intime conviction d’être au bon endroit au bon moment.
Dans ses calculs, Raphaël Dallaporta a bénéficié de la complicité de l’astronome Denis Savoie, un des spécialistes mondiaux des cadrans solaires, qui a récemment apporté son aide à la Nasa pour déterminer le Nord géographique de la planète Mars. En conviant le public à célébrer l’équinoxe par l’inauguration d’une méridienne sur le site de Zone Sensible, l’artiste
réalise un alignement mémorable où la dernière terre maraîchère du 93 devient, à la faveur des astres, le centre du monde.
Raphaël Dallaporta élabore une œuvre saluée par la critique pour la rigueur de ses protocoles et la pertinence de ses installations dans lesquelles s’établissent des connexions insolites entre histoire, science, art et technologie. Chacun de ses projets, cherchant à rendre visibles des phénomènes, ou territoires, respectivement cachés, ou inaccessibles sont finalisés par une publication monographique.
Morgane Porcheron laisse la nature reprendre le pouvoir
Héritière de l’Arte Povera et du Land Art, Morgane Porcheron s’intéresse aux rapports entre nature et constructions humaines. Finaliste de la bourse [N.A!] Project, l’artiste installe une œuvre vivante sur l’Espace 365, aux côtés de celle de Raphaël Dallaporta.
Morgane Porcheron a imaginé Construction structurée, une œuvre composée de deux sculptures minimales, architecturales, grand format et évolutives.
Dans un premier temps, l’installation s’apparente à des fragments d’architecture en terre rouge qui viennent décomposer l’espace vert. Ces formes font référence aux serres présentes sur le site de la Ferme Urbaine. La terre, matériau dense et naturel habituellement cuit servant à la construction d’habitat, est ici utilisée « crue », de manière à former deux cocons nourriciers remplis de terreau et de graines de fèves.
Par la suite, les plantes poussent et percent la terre, qui craquelle, révélant les ossatures en acier de la structure. In fine, la terre rouge, le terreau et les pousses se mélangent avec le sol agricole, sans laisser à l’Homme le pouvoir de décider de sa forme finale ni de son évolution. Cette œuvre vivante et in situ est une métaphore de la maîtrise de l’Homme sur la nature mais également un hommage à celle-ci.
Dans sa pratique artistique, Morgane Porcheron récolte des éléments liés à notre espace environnant, puis élabore une archéologie du quotidien. Les fondations, ses strates, les composants dissimulés mais essentiels de l’architecture font parties des formes qu’elle exploite par la sculpture, l’installation et la photographie. Son univers artistique est en lien avec le vivant, le paysage et la construction.
Dans ses compositions se joue une double tension : l’ambivalence entre l’artisanat et la manufacture, un va-et-vient entre l’intervention de l’Homme sur la nature et la constance de celle-ci à reprendre ses droits.